Eaux, Terre, Corps
Comment révéler les communautés microbiennes qui nous relient à travers les différents corps – la terre, l’eau, les plantes et nous-mêmes ?
Durant cette résidence d’hiver, nous avons poursuivi l’exploration des territoires traversés par 2km4.
J’ai collaboré avec Gaëlle Vincent, ingénieure de recherche (ESE), pour analyser des échantillons de terre prélevés aux différentes stations du transect grâce à la méthode MicroResp. Cette technique permet de mesurer la diversité fonctionnelle microbienne d’un sol à travers son dégagement de CO?, révélant ainsi son activité respiratoire.
En parallèle, Ludwig Jardillier (ESE), microbiologiste, a mis en culture des échantillons d’eau de la mare afin d’identifier certains microorganismes présents sous les lentilles des microscopes du laboratoire.
Nous nous interrogeons également sur l’influence des sons sur ces interactions invisibles. Fanny Rybak (NeuroPsi) a enregistré les paysages sonores de quatre stations (champ, terrain vague, forêt, bord de l’Yvette) à raison de 5 minutes toutes les demi-heures pendant deux semaines. Ces enregistrements, intégrant technophonie, géophonie et biophonie, posent la question de leur impact sur les microbiotes et sur le développement des plantes, de la graine à la floraison. On sait que les plantes perçoivent les sons. Sommes-nous également conditionnés par notre exposition aux ambiances sonores liées aux activités humaines ?
Pour explorer ces interactions, quatre terrariums abritent trois espèces végétales (mercuriale, teucrium, pimprenelle), dont les graines évolueront jusqu’à fin juin sous l’influence continue des ambiances sonores enregistrées.
Dans une autre approche matérielle du territoire, j’ai prélevé des échantillons de feuillage, du haut vers le bas des stations, pour fabriquer du papier intégrant ces fragments végétaux et la terre. Ce papier devient la « peau du chemin », une empreinte sensible du parcours suivi depuis deux ans. À partir de cellulose recyclée, j’ai conçu des écailles inspirées des structures de silice constituant l’enveloppe de l’Euglypha, un microorganisme du sol, reconstituant ainsi une cartographie organique du chemin en hiver.
Enfin, lors du temps de partage de février dans la serre d’étude, Fanny Rybak a présenté son protocole de collecte sonore. De mon côté, j’ai proposé une expérimentation de fabrication de papier intégrant des duvets de Typha, récoltés sur le site d’évacuation des eaux bordant l’IDEEV.