En 2014, La Maréchalerie fête ses dix ans ; soit depuis 2004, plus de trente artistes invités, autant de productions, accompagnées d’éditions, au sein du centre d’art contemporain de l’école nationale supérieure d’architecture de Versailles, projet inédit en France.
Depuis sa création, La Maréchalerie s’est attachée à accueillir des artistes plasticiens de toutes les générations et à porter aux yeux du public une part expérimentale de la création contemporaine. Si la programmation a gardé un lien continu avec l’architecture, elle a souvent été le fruit de rencontres et de coups de cœur. Chaque artiste s’est ainsi vu offrir la possibilité d’investir un espace d’exposition complexe et prégnant pour la production d’une œuvre contextuelle.
Cette exposition anniversaire est l’occasion, A posteriori, de réunir les artistes invités depuis 2004 en une manifestation collective dédiée à l’actualité de leur création. L’exposition offre ainsi un paysage d’œuvres de sensibilités différentes au prisme des choix faits depuis dix ans. Elle a pour objet de mettre en valeur l’évolution de la production de chaque artiste depuis son exposition au centre d’art contemporain, et de trouver des échos entre les œuvres elles-mêmes, l’architecture et le monde contemporain.
La Maréchalerie met ainsi à jour les problématiques communes et la richesse de leur traitement lors de cette exposition historique et projective. A posteriori crée du lien entre les œuvres et leurs créateurs, mais également avec le public, qui est amené tout le long de l’exposition à découvrir les artistes lors de rencontres ouvertes.
Projection de Jardins Mobiles, film en double projection, tourné dans les communautés Hmong d'Aubigny sur Nère, Cher et Javouhey, Guyane
Les jardins sont notre passion de la terre. Un rêve de paradis qui fut celui de toutes les orangeries lorsque la mode versaillaise atteint les châteaux les plus riches. Les jardins sont le fruit du travail et surtout d’une passion et d’une fascination pour le vivant. Un cycle vie-mort qui se répète de saison en saison. Karine Bonneval lui rend hommage à travers la communauté Hmong, Laotiens venus des plateaux d’Asie du Sud-Est à la faveur d’une opération humanitaire menée par la France dans les années 70. Les Hmongs ont été accueillis dans la région Centre et en Guyane.
Les fruits et légumes ont été sélectionnés depuis des millénaires au bord des rivières et des forêts. Javouhey est un nom bourguignon. Celui d’une femme partie comme religieuse en Guyane aider les bagnards à retrouver pied dans la vie. Au bord de la majestueuse Mana, elle a planté son couvent et ses jardins en totale symbiose avec la forêt. Tout légume nait du l’eau et de la terre.
Aubigny-sur-Nère, en Sologne, est dans la même proximité eau-terre. Le travail s’y fait au rythme de la rivière. Le temps est nécessaire pour comprendre ce qu va venir à nous dans les cuisines.
Les vidéos côte-à-côte donnent à voir le caractère interchangeable de la nature, cassent l’idée du terroir qui s’avère être un mythe archaïque d’une terre pourvoyeuse aux besoins de l’homme. Ce qu’on appelle les « racines » sont de l’imaginaire pour nous relier à cette terre dont nous n’avons pas assez d’une vie pour comprendre ce qu’elle peut nous donner. Karine Bonneval aime l’idée que les hommes et les produits alimentaires circulent d’une aire culturelle à l’autre. Comment sont-ils accueillis ? Cultivés ? Quelles cuisines préparent-ils demain, désormais que le tropical s’acclimate au tempéré ?
Une focale sur ces deux territoires d’une mondialisation en marche et que rien ne semble arrêter.
Gilles Fumey, 2013, catalogue passe-moi le sel !