Nous fêtons cette année les 10 ans, de la proposition artistique singulière qu’est Champ d’expression. Des artistes d’art contemporain sont invités dans une ferme à vivre un moment et développer un travail de recherche et de création in-situ, qui découle de cette expérience. Y a-t-il meilleur endroit qu’une ferme, pour inviter l’art à la campagne?? Quel symbole plus fort pour la ruralité que le monde paysan, ses activités, ses bâtiments, et la manière dont il façonne notre paysage?? Chaque année des fermes ouvrent leurs portes à La Fourmi-e, accueillent les artistes, les publics, et participent à cette aventure artistique et humaine. En 2022, le parcours de ferme en ferme mettra en avant des paysans et paysannes en reprise ou en installation dans une période où la transmission des exploitations est de plus en plus difficile. Des fermes, laboratoires de vies mêlées et d’expériences partagées où l’on se pose la question d’une agriculture des communs, intimement reliée aux enjeux d’avenir de nos sociétés. Pour cette 10ème édition, 7 artistes, 6 fermes.
La Fourmi-e remonte les sentiers à la source de l’aventure, où le circuit artistique a posé les bases de son identité, portée alors, avec poigne par les bénévoles, agriculteur·rice·s et des artistes défricheurs. Pour honorer cette énergie des débuts, l’association a décidé de réinviter ces artistes de la première édition. 10 ans après, 4 sur 6 se relancent dans l’aventure, rejoints par 3 autres artistes, sur de nouvelles fermes.
Avec Karine Bonneval / Bec'hed Cadoudal / Denis Colin / Carole Gilblas-Odin / Julien Lannou / Samantha Richard / Delphine Soustelle-Truchi
et les fermes de l'épi qui chante / le Buis sonnant,/ Félice Branger / Ar Gozhker Bonen / Toazennoù Bro Fisel et Mel Bro Fisel / la Cocadrille
Se planter – Toucher terre
Comment partager un moment privilégié avec une plante, avec un paysage ? Le temps du végétal est plus lent que celui des humains et notre rapidité contemporaine nous demande parfois de faire des efforts pour s’arrêter, se poser, pour être-avec.
Les tapis, disposés à des endroits choisis pour être avec un individu plante ou face au paysage plus mélangé de végétaux, sont une invitation à prendre ce temps. L’immobilité ouvre alors les sens. Les sons, les odeurs se révèlent alors également.
Avec les tapis « Se planter », on se déchausse déchausse pour rester debout, les pieds ancrés au sol. Il s’agit de sentir un peu de cette immobilité inhérente aux végétaux, dont la moitié de la vie se passe dans la terre. Ils ont été réalisés en 2021, avec des pelotes de restes de tricots trouvés en recyclerie.
Ceux de la série « Toucher terre » permettent, seul ou en groupe, d’être posé au plus près des plantes compagnes pour simplement s’assoir parmi elles.
Pour rendre hommage à la double activité d’Adèle (tondeuse de moutons) et Joseph (éleveur de vaches laitières), j’ai choisi d’utiliser de la laine filée localement et de dessiner des motifs de tapis reproduisant les taches des robes de certaines vaches. Leur forme est basée sur des feuilles des plantes à qui ils rendent hommage. Ils ont été réalisés pendant la résidence Champs d’expression ar Gozhker Bonen, avec des laines non teintées de la Petite Filature Bretonne et des pelotes de fibres mélangées de la recyclerie Ti récup de Carhaix.
Portraits de sols
Les portraits de sols sont une nouvelle série de travaux basée sur l’exploration des terres des différents territoires que je parcours. La chromatographie est une méthode de séparation de substances dans un mélange, utilisée par certains agronomes pour analyser la qualité d’un sol sur le terrain, hors laboratoire. Cette méthode utilise un principe chimique proche de la photographie argentique, où le temps et la lumière du soleil jouent un rôle primordial.
Les portraits présentés dans la stabulation sont ceux de sols récoltés aux alentours de la ferme, mais aussi de 5 autres lieux participant au projet Champs d’expression.