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Est-ce que les arbres rêvent de CO2 ? Résidence de recherche / Tunisie

Du 30 septembre au 7 octobre 2024 Tunis / Gabes, oasis de Chenini / Sousse
Est-ce que les arbres rêvent de CO2 ? Résidence de recherche / Tunisie

Résidence réalisée en collaboration avec Per Hüttner partenaire du projet ; à l’invitation d’Hela Lamine, artiste et enseignante à l’école des Beaux-Arts de Sousse, en collaboration avec Soufia Ben Saïd, artiste performeuse.
Le projet est tourné autour du palmier dattier, et la consommation traditionnelle de sa sève fraiche, le lebmi.

Pour ces premiers repérages, nous avons équipé des palmiers du pépipiaf, pour observer si cet outil de mesure des variations dilatation de la branche, conçu au départ pour les arbres pouvait fonctionner sur des palmes.
Les premiers tests dans le jardin atelier d’Héla Lamine furent concluants, nous sommes ensuite partis aux portes du désert, à Gabes.

Gabes est une ville industrielle de bord de mer, dont l’activité intensive d’extraction de phosphates est un site complexe. Il s’y joue de nombreux enjeux environnementaux, et notamment la raréfaction de l’eau douce et sa pollution. La production d’acide phosphorique génère un déchet, nommé phosphogypse, composé notamment d’uranium, de plomb, de polonium et de radium.A Gabès, le phosphogypse,  est entièrement déversé dans le golfe par un canal à ciel ouvert. Mélangé à de l’eau de mer, il forme des « boues gypseuses ». L’eau douce est accaparée par cette industrie, qui prélève dans les nappes. Aujourd’hui ; les agriculteurs sont obligés de pomper l’eau, voire de la faire venir par containers sur les jardins de culture.
L’oasis de Chenini est une des seules oasis maritimes du bassin méditerranéen et parmi les dernières dans le monde, elle est aujourd’hui menacée. Oasis dite « traditionnelle », son système agricole s’organise autour d’une structure à trois étages : la strate arborée, la strate arbustive et la strate herbacée. Le premier étage s’incarne donc par la présence du palmier-dattier qui culmine à 15-30 mètres de haut et qui procure ombre et fraîcheur. Le deuxième étage, arboricole, est constitué d’arbres, souvent fruitiers comme le mûrier, l’oranger ou le grenadier. Le dernier étage, lui, comprend des cultures à la fois maraîchères, fourragères et industrielles (henné, tabac, luzerne). En effet, les palmiers, premier étage de la structure agricole des oasis, ont un rôle capital pour le bon fonctionnement de l’agriculture oasienne. Plantés sur les contours des parcelles, l’importante taille du palmier ainsi que la circonférence de son tronc permettent à la fois de maintenir l’humidité dans les parcelles mais aussi de « briser le vent ». De plus, ses longues palmes filtrent les rayons du soleil, tenant ainsi les cultures des autres étages à l’ombre et maintenant également une certaine fraîcheur en été. Ce phénomène est appelé « effet oasis ».
L’extraction de la sève de palme, consommée fraiche, le matin,  se fait d’une manière traditionnelle : D’abord, on taille le haut du palmier avec un outil tranchant. Ensuite, on creuse au centre du palmier jusqu’à la partie tendre de son cœur. Enfin, on récolte la sève, qui s’écoule à travers une canne coupée en deux, dans une gargoulette en argile ou dans un seau, placées en haut du palmier. Cette technique est apprise de génération en génération.

Nous avons rencontré Mabrouk Jerbi, membre de l’association de protection de l’oasis et Hammadi Nibili, cultivateur. Ce dernier nous accueilli dans son jardin, et nous avons effectué différents tests avec le pépipiaf et des capteurs sonores in situ dans le but de proposer dans le futur une performance publique. Nous avons également rencontré Salah Madkali, semencier de graines paysannes dans l’oasis.

Face aux interrogations que nous avions de l’état du jardin et des plantes suite au manque d’eau douce et à la salinisation progressive du sol, Soufia Ben Saïd nous a proposé d’incarner différents acteurs humains et non-humains lors d’une séance de constellation.

Nous avons terminé notre séjour par une présentation de nos recherches aux masters de l'école des beaux-arts de Sousse.

sources
https://ftdes.net/le-systeme-oasien-de-gabes-un-tresor-agricole-millenaire-menace/
https://reporterre.net/En-Tunisie-le-phosphate-a-saccage
https://helalamine.com/
https://soufiabensaid.com/about/
http://www.visionforum.eu/co2/

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Soufi Ben Saïd, Karine Bonneval, Hela Lamine