Après sa très ironique série de plantes cosmétiques : Phylloplastie, montrée à Chaumont en 2010, Karine Bonneval profite d’un travail in situ à grande échelle au centre d’art la Maréchalerie pour prolonger son travail de botaniste baroque. Le centre d’art abrite une serre où se déroule une expérimentation fantaisiste : des plantes se développent avec des caractéristiques animales et leur forme de cils, cheveux et ongles manucurés est délibérément humaine.
Pour son exposition à la galerie Martine et Thibault de la Chatre intitulée Hybrides Véhicules Karine Bonneval montre une série d’installations, sculptures et images nées d’une réflexion sur les relations entre le vivant et le mécanique. Ainsi, des sculptures de porcelaine représentant des objets liés à l’automobile sont hérissés de céréales pour agro-carburants et incarnent une vie toute artificielle. Ces fétiches précieux de la modernité combinent un univers où s’articule vanité et volonté de pouvoir.
Egalement présentées dans cette exposition, les premières images d’une série sur les costumes d’explorateurs. A mi-chemin entre camouflage et déguisement, ces tenues sont mises en scènes dans des espaces naturels domestiqués. Elles révèlent l’étrangeté de l’assemblage géométrique des forêts bien alignées et l’orthodoxie des champs cultivés.
Les objets ambivalents de Karine Bonneval rejettent les approximations et la naïveté des représentations anthropomorphiques de la nature ; ils montrent que le lien « nécessaire » entre l’homme et la nature, la « symbiose » que l’écologie souhaite « harmonieuse » est mû d’abord par une volonté de contrôle.
Juliette Cortes
Granola, en Canadien, signifie mangeur de céréales. Ce moteur de ford mustang a été réalisé en porcelaine lors d'une résidence Arts du feu à l'ENSA Limoges sous la direction de Christian Couty entre 2009 et 2010.
La porcelaine rappelle ici un récipient alimentaire et évoque la hausse des prix des matières premières végétales suite à des spéculations autour des agro-carburants. Donner à manger à des moteurs semble être le comble de l'absurdité contemporaine, et est un des facteurs de la crise alimentaire mondiale de 2007-08.