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Incumbo, se pencher sur les lichens
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Incumbo, atelier été culturel

Du 22 au 26 juillet 2024 Huilerie de Pesselières
Incumbo, atelier été culturel

Incumbo
Se pencher sur le sol et les lichens
Une semaine d'ateliers conduits par Karine Bonneval, plasticienne, et Mehdi Harzallaoui, artisan d’art en ciselure ; dans le cadre de l’Été Culturel et en collaboration avec les Amis de Pesselières.
Nous avons exploré Pesselières et ses alentours, pour aller à la rencontre des lichens et des sols. A partir de l’observation des lichens, et d'interprétations par des gestes mélangeant savoirs-faire et science, dans des opérations qui nous rapprocheront un peu de l’alchimie.

Portraits de lichens

Comme le dit Vincent Zonca dans son livre Lichen, pour une résistance minimale : recouvrant près de 8 % des terres émergées, le lichen est un être vivant qui devrait nous être familier. Pourtant, il est si discret qu'il en paraît insignifiant, invisible. Or, plus nous nous en approchons, plus se révèlent ses beautés, ses mystères, son étrange pouvoir d'attraction. Mi-algue et mi-champignon, il pourrait bien révolutionner notre conception du vivant et remodeler nos imaginaires...Il fait partie de ce qu’on appelle « la biodiversité négligée », qui représenterait 80 % des espèces de la planète.
Les lichens sont courants à Pesselières, pourtant quand on s’y attarde, il s’agit d’organismes singuliers puisqu’issus d’une symbiose. IIs colonisent les arbres, mais aussi les sols et les roches, mais ne sont pas des parasites. Leur nourriture d’éléments minéraux est étrange, tout comme leurs formes.

Reconnaitre

Armés de loupes nous nous sommes penchés sur les lichens in situ, pour tenter d’en capter la beauté singulière et unique. A l’aide d’ouvrages spécialisés, nous apprenons à les reconnaitre : lichens de sol, d’arbres ou de roche. Un micro univers aux formes infinies que nous avons pris le temps de rencontrer.
Représenter
Cet exercice d’observation, qui demande de la patience et de la curiosité, a donné lieu à des restitutions par le geste et la trace des structures et formes qui composent es être hybrides : traces à l’encre, dessin en extérieur, utilisation de branches comme crayons improvisés. Des dessins sauvages, qui permet de reconnaitre les formes, et de se familiariser avec les structures qui vont initier la réalisation de motifs en ciselure. Apprivoiser ces micro-paysages.
Ciseler
Les dessins ont servi de base de travail pour reporter sur le métal, tracer et ciseler plusieurs médaillons à vœux. Chaque ex-voto est tracé, mis en ciment. Tout le processus créatif est ici mis en jeu, de l’observation à la conceptualisation, trouver des gestes avec les ciselets adaptés, des formes correspondantes à chaque projet.
Les lichens de métal seront ensuite découpés au boc-fil, selon la technique de la bijouterie traditionnelle, mis en forme, limés, patinés et percés.


Portraits de sols

Nous nous sommes penchés sur le sol, pour  écouter avec un capteur de bioacoustique les mouvements plus ou moins denses des invertébrés qui l’habitent.
Chaque personne était invitée à venir avec un échantillon du sol qui lui est cher, afin d’en réaliser  un portrait.
Dans une transformation proche de l’alchimie, les composés organiques et chimiques des sols vont se révéler en strates colorées en diffusion sur un filtre rond. La chromatographie de sol est un procédé utilisant de la soude et du nitrate d’argent très dilués en solution. Inventée dans les années 50 par Pfeiffer pour la biodynamie, la solution de sol se diffuse en deux jours par capillarité sur un filtre scientifique préparé. Une fois les strates absorbées par le papier, le filtre est installé pendant une semaine à la lumière pour en fixer les couleurs. Utilisant le procédé de la photographie argentique (nitrate d’argent/lumière), nous obtenons des portraits des sols révélés.

Avec les capteurs d'écouter la terre, nous avons écouté l'activité des invertébrés des sols autour de l'huilerie.

Pour soutenir les portraits, et les mettre en valeur pour l’exposition qui suit l’atelier, nous avons réalisé des supports en papier–mâché terre. Ces disques plats, une fois secs, seront montés sur des tiges de bois qui constitueront une « élévation » de quelques sols de notre territoire donnée à voir aux visiteurs du colombier de la Tour de Vesvre.

Nous avons terminé la semaine d'atelier par une visite de l'huilerie Millérioux qui nous a accueilli.

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Karine Bonneval / Pascale de Priestere / dessins Damien Lienart