Les Phylloplasties sont nées d’une réflexion sur les serres botaniques, qui sont pour l’artiste l’incarnation de notre volonté de main mise sur la nature. Les plantes, découvertes dans les forêts primaires par les grands explorateurs du XVIIIème, ont été ramenées en métropole et conservées dans des microcosmes artificiels de verre.
Néologisme forgé à partir du grec ancien qui signifie feuille et de la terminaison plastie, comme employée en chirurgie plastique- sont des plantes augmentées d’ajouts artificiels, tentative dérisoire et violente de ramener de l’exotisme à des plantes vivantes devenues objets banals. Des plantes colonisées, mais qui s'adaptent et continue à vivre et à pousser.
Le projet de Karine Bonneval se fonde sur la manipulation du vivant par l’humain. Ses recherches plastiques trouvent leur origine dans la notion d’exotisme.
À l’époque des cabinets de curiosités, puis des serres, des plantes sont acclimatées en Occident pour constituer le fond de jardins botaniques. On collectionne et on inventorie ces trésors de voyages, témoins directs de la mainmise de l’homme sur la nature et du pouvoir de l’Europe sur les pays dits indigènes. Ces récoltes sont également l’expression d’une recherche de sensations et d’agrément. La colonisation du vivant racontée dans les récits de voyages demeure sujet d’actualité. Les explorateurs d’aujourd’hui sont à l’image de ces grands groupes pharmaceutiques et agroalimentaires qui s’approprient les espèces naturelles pour les transformer en produits de l’industrie. De même, à moindre échelle, et sans que nous en ayons conscience, les plantes de nos jardins et de nos intérieurs proviennent le plus souvent de contrées lointaines et répondent à notre besoin de végétal comme un rempart contre notre propre société.